Paris, l’exposition bouleversante de Ceija Stojka à la maison rouge, première femme rom à témoigner des camps d’extermination.

A Elle qui dit NOUS, des mots, mes mots si rien et si tout qui poussent comme des fleurs en ce printemps parisien.

Je suis la limite, dans l’élan, la controverse et l’amitié des paroles bues.
Je suis la limite grâce à moi tu te vois.
Je suis la limite, j’exergue – j’exerce le contrôle, j’estime.
Tu t’estimes à travers moi.
Je suis à la limite, à la peur, au risque, à l’amour, à la moitié de la rencontre.
Je te touche dans une caresse,
j’appose toutes les petites bouches de ma peau sur ton corps et fais ventouse avec le tien.
Je te nais.
Je te retiens,
tu deviens moi.
Je t’avale, je te recrache, je t’estime dans tes recoins sombres,
je te vois dans l’obscurité,
je te devine dans ta foi, acte de foi je viens en toi.
Tu me permets tant de toi, dans la perte, l’indépendance, la séparation, la limite,
ce presque rien sans qui tu serais déjà tout.
Ce presque rien que j’aime goûter, que j’aime approcher, construire,
dans la différence, dans l’absence.
Je te regarde sans faim, sans fin.
Je te perds, je te perce, je t’adore dans le lien, dans le vide où je ne suis plus rien est-ce que je ne t’aime pas mieux ?
Je rebondis avec le lien, j’essaime le lien,
la fécondation d’une promesse, le terme d’un contact,
l’imploration d’une estime, d’une étamine et d’un pistil léger et joyeux,
en moi je deviens graine, toute petite, si petite, je deviens tout et presque rien,
je m’enterre dans l’humus amant pour mieux renaître à la lumière,
je germe l’amour de notre ambivalence à s’aimer.
Je germe la continuité dans la discontinuité,
je démultiplie la limite dans la métamorphose intime de ma relation à la séparation quand je touche le tout.
Je te deviens.

Paris, 19 avril 2018.

Aïdée

Puis avant mon retour, l’exposition du Quai Branly, Enfers et fantômes d’Asie, légèrement bruyante, mais quels kakemonos de femmes fantomatiques (affamées) et le fameux film :