Marcher,

cheminer,

être en chemin.

Les arbres ici

détiennent des secrets

sous l’écorce, épaisse, craquelée,

ils nous invitent au creux du tronc

à regarder les formes de l’intérieur

Une cachette

concave

qui m’appelle

à entrer dans un espace vide,

l’espace invisible

du cœur de l’arbre.

Créer,

c’est d’abord se coltiner du réel,

de la marche,

l’arrachement de la plante à son milieu naturel,

qu’elle soit vivante ou morte peut être qu’elle sert de niche à quelques têtards ou je ne sais quoi…

C’est toujours un questionnement sur, est-ce que je vais vers ça, jusque là ?

Ne pas être dans un rapport utilitaire avec les plantes, mais trouver la voie de la beauté, témoigner de nos liens étroits avec l’espèce végétale sans qui nous n’existerions pas.

J’ai croisé des amoureux,

hêtre et sapin

et des arbres dont les racines enlacent les rochers,

je me suis reconnue dans les deux.

La nature ça sent fort

ça réveille notre propre nature

notre odeur forte

les poils qui repoussent sans arrêt

l’arrachement, la mort,

le pourrissage, la vie, la naissance,

les couleurs, l’exaltation, la beauté,

métaphore des cycles de la vie

sous nos yeux

à travers le végétal

à travers ces autres êtres vivants.

A travers la matière du papier,

dire l’amour, inscrire les mots d’amour

qui sont la plus belle relation sociale que l’homme exprime en disant j’aime ou je n’aime pas.

Transpercer la matière du papier des mots d’amour.

Aïdée Bernard, avril 2017

 

 

Tour du lac de Chambon

D’aucun diront qu’il n’est pas sur le territoire Dom Sancy Artense, mais la vie elle, ne se contient pas aux limites des territoires par lesquels j’ai été appelé à faire cette résidence !

La vie nous appelle par les rencontres, les chemins qu’elle propose, à sortir parfois du sentier, pour aller à la rencontre de ce qui est attirant. Sur ce chemin il y avait un lac, barrage de montagne et station balnéaire.

J’ai trouvé des vieilles pailles de roseaux ou de joncs et des vieilles feuilles d’iris que j’ai ramassées, accroupie, les mains dans l’eau qui était pas si froide que ça – l’air est bien plus froid que l’eau ! J’ai eu grand plaisir à patouiller entre les roseaux et les iris pour récolter les fibres qui étaient dans l’eau parce que celles qui étaient à l’air étaient trop sèches et cassées par le gel et sans doute la neige, ce qui à mon avis fera un papier cassant de mauvaise qualité. Celles qui étaient dans l’eau étaient encore souples, comme des longs cheveux, pas beaucoup de travail de cuisson à faire pour les papériser…