Je suis actuellement au Japon où je commence une résidence de création avec un artiste papier japonais Tsuguo Yanai.
Visite des galeries d’art de Tokyo à Ginza avec Tsuguo Yanai!
J’ai d’abord visité quelques papeteries artisanales de la région d’Echizen où l’on fabrique le washi, puis nous allons travailler ensemble avec Tsuguo Yanai, dans son atelier dans les montagnes de la région de Saitama, pendant 3 semaines.
Ici avec Iwano Ichibē IX (九代岩野市兵衛?) Trésor national vivant pour la fabrication du papier.
Je lui offre mon catalogue d’exposition “Au creux de toi” qui contient un de mes papiers en fibres de seigle qu’il commente avec intérêt !
Aller au Japon, c’est cheminer à l’origine d’un art que j’ai reçu par recettes, sur des livres.
Toute ma recherche avec le papier a été fascinée par l’obtention de papiers les plus fins possibles, de la création de dentelles végétales de fibres brutes à la réalisation de papier à la cuve.
C’est donc naturellement que les techniques japonaises m’ont paru les plus incroyables.
Mon travail d’écriture à la naissance de plusieurs de mes œuvres est venu s’inscrire en filigranes, grâce à des calligraphies au jet d’eau. Finalement mes œuvres partant de la terre s’élèvent en kakemonos diaphanes, exprimant leur message dans la matière même du papier.
Au Japon je m’imprègne de ces savoirs-faire ancestraux, tout en gardant ma vision, ma liberté de plasticienne, cette spontanéité à donner des formes aux celluloses assemblées dans mes papiers, à utiliser les plantes locales quand je vais créer quelque part.
En Occident le papier est très peu considéré comme un art à part entière. Personne pendant mes études aux Beaux-Arts ni ailleurs ne m’avait dit qu’on pouvait faire son papier à partir des plantes qui nous entourent!
Faire mon propre papier à partir de plantes locales, fut une révélation, j’avais trouvé la matière qui me permettait de transmettre et de donner à voir ce pourquoi j’avais fait des études en art visuel : remettre la sensibilité au cœur de l’œuvre, non seulement à travers les concepts mais en s’adressant directement aux sens. Je venais d’engager un dialogue avec une matière qui me permet en même temps que de donner mon point de vue, de donner aussi son point de vue propre, à travers le graphisme des formes végétales, la répétition semblable et pourtant toujours différente des formes de vie.
C’est au Japon que l’Art du papier végétal, a été porté à sa plus haute qualité. Le papier Japon ou washi n’est pas qu’un simple support de l’écriture ou du dessin, il est considéré pour sa pureté comme le symbole de l’offrande. Il éveille la sensibilité du toucher, la délicatesse de l’odorat, la nuance visuelle.
C’est une matière qui résonne avec notre intimité, poreuse, éponge de ce qui s’y inscrit ou s’y imprime, elle porte aussi les marques, pliures, odeurs, traces, de son vécu avec les personnes qu’elle a côtoyées. La relation qui s’établit avec la matière quand on part des cueillettes des plantes et celle de la rencontre. La préparation de la matière prend la forme d’une méditation active, un moment de connexion avec la Terre, avec le monde végétal, son silence, sa vie intense et comme immobile.
Puis vient l’alchimie des cuissons en lessive de soude pour nettoyer les fibres de cellulose. Avant la fabrication dans l’eau sur les tamis.
Exposition duo
Aïdée Bernard – Tsuguo Yanai
Cela fait un an que j’ai été mise en contact avec Tsuguo Yanai, artiste papier japonais, dans le projet de collaborer sur une œuvre. Nous venons de nous rencontrer à Tokyo il y a 15 jours. Ainsi mon désir d’aller aux sources de l’art washi croise celui d’un créateur qui a eu une démarche partant de la technique traditionnelle pour aller vers une expression contemporaine. Avec Tsuguo Yanai nous échangeons aussi bien en français qu’en anglais. C’est une chance pour moi qu’un artiste si proche de mes recherches artistiques aussi bien dans la matière que dans les formes, maîtrise assez bien la langue française.
Tsuguo Yanai est un artiste papier contemporain qui après avoir suivi une formation traditionnelle de gravure, a fabriqué son propre papier. Puis il a dépassé les codes habituels du papier Japon pour créer avec cette matière un mode d’expression à part entière, souvent sous la forme d’installations.
La rencontre avec le travail artistique de Tsuguo Yanai, m’invite à voir à travers ses œuvres de papier, la parole du Japon actuel. La fibre à papier y est métamorphosée en jaillissement d’ombre et de lumière. Tsuguo Yanai s’interroge sur son époque avec le point de vue d’un art ancestral qu’il s’est complètement approprié, qu’il a pour ainsi dire digéré. Ainsi de la fabrication du papier il dit trouver le moyen de parler du temps, de sa perception et de la mémoire. Notre art n’est pas seulement celui du concept, il provient de la Terre, nous le rendons disponible aux corps, aux mains, nous le donnons à voir dans sa brutalité et son raffinement car nous souhaitons qu’il parle de la vie comme inscription dans le temps.
Je découvre que tout ce qui m’a attiré vers le papier je le retrouve dans l’approche intuitive qui me semble être celle de l’art du papier japonais.
Dans mes pratiques artistiques habituelles, j’éclaire parfois mes installations avec des vidéos que je réalise à partir des images captées dans le lieu où je crée. Je suis également nourrie par des textes, souvent poétiques, les miens ou ceux d’auteurs locaux qui viennent s’ajouter en filigrane ou en impression sur mes papiers. Par ces médiums je cherche à souligner le caractère profond de notre monde, de nos êtres et de nos identités multiples et plurielles qui se dévoilent dans la finesse du papier, et dont la vision change selon la position de celui qui regarde. Ainsi une projection d’un film que je fais sur place pourra éclairer tout ou partie de l’installation artistique.
Cette co-création se poursuivra au printemps en France avec le soutien de l’Abbaye d’Alspach en Alsace http://www.amis-abbaye-alspach.org/. Tsuguo Yanai viendra passer 2 semaines dans cette magnifique abbaye où nous exposerons au mois de mai.
Exemple d’installations :
Série bois de cèdre, Tsuguo Yanai https://www.youtube.com/watch?v=6PFypzSqO64 Au creux de toi, Aïdée Bernard https://www.youtube.com/watch?v=RgNl6cve2Lo&t=21s
Précision sur les contreparties : Je me rends compte après quelques jours de retour en France que les contreparties proposées ne le sont pas toujours clairement… Je m’en excuse par avance ! Donc je propose, si la collecte aboutie…, d’offrir le carnet de voyage pour toute contribution supérieure à celle du carnet.
Ce qui change c’est pour les contre-parties à 35€, le prix du carnet de voyage, j’offre une reproduction photo sur papier kozo en plus.
Pour les contributions à 40€, j’offre le carnet de voyage en plus. La photo pour les contributions à 40€ sera en exemplaire unique.

À quoi servira la collecte

La collecte servira à financer la publication du carnet de voyage.
Il y aura une version à 150 exemplaires, 30 pages avec photos en couleur et textes ainsi qu’un papier washi avec une reproduction d’une de mes photos de voyage, reproduction numérique ou sérigraphie, selon le financement obtenu.
Et un livre d’artiste entièrement en papier fait-main, washi et papier de plantes, œuvre originale d’Aïdée Bernard en 2 exemplaires.
Elle servira aussi à soutenir financièrement la possibilité de ce voyage, transport et mise en œuvre de la création.
Si le financement dépassait la somme demandée, je serai ravie de pouvoir défrayer les personnes qui souhaiterait proposer une performance musique ou danse lors des expositions.
L’association La Camigraphie Expressive percevra l’intégralité de la collecte.

Souscription

Carnet de voyage au Japon “Sur le chemin du papier”