Le bois de la Masse

Mes chevilles qui tricotent entre les cailloux.

La nature est d’une puissance érotique assez rare…
D’abord tous ces troncs, dressés, phalliques,
m’appellent à la verticalité d’une rencontre.

Se balader parmi ces grands hêtres
fait monter en moi une sève savoureuse.
Au détour d’une source j’ai joui
Je me suis allongée dans une tourbière herbeuse
parmi les bruyères et les jonquilles.
Câliner le soleil d’un arbre,
et puis, j’ai repris ma route.

Ce qui m’intéresse c’est l’équilibre
cheminer en équilibre dans ce qui se propose
trouver une justesse avec ça.
Dans la nature c’est peut être plus facile qu’avec les gens ?
On pourrait penser qu’elle ne bouge pas
pourtant elle nous offre à chaque fois différentes sensations,
le temps est magnifiquement bleu, sans un nuage
le ciel est doux
le vent arrêté par une petite colline qui lui fait barrage
je redescends à travers bois
du silence d’aujourd’hui.

La marche silencieuse
la méditation,
ont pris fin doucement,
les mots me sont venus.

Laisser venir lentement
ne rien vouloir,
la beauté des jonquilles
qui hochent la tête sous le vent,
jaune tendre du printemps.
Cet arbre m’a donné quelque chose au ventre
une énergie qui coulait
qui descendait dans le ventre.
Mon ventre était collé au tronc de l’arbre.
Mes mains l’entouraient, caressaient doucement la mousse
qui s’effilochait sous mes doigts.

A présent
dans mon utérus
je peux sentir que je suis calme et attentive.
Je permets à un grand bonheur de naître
qui ne relève pas d’une attirance extérieure
mais d’une force nouvelle en moi,
en l’audace de créer,
accord à cette disposition d’ouverture
dans le nid fécond de mon potentiel féminin
rencontre douce et creuse d’un sentiment profond.

Éclosion souterraine de la richesse d’une œuvre

 

Aïdée Bernard

Juin 2017