De retour de mon stage à Port-Cros, avec une pensée pour Alexandre :
Je marche depuis un moment déjà
J’ai posé différents actes préparatoires ;
au solstice d’été
j’ai couché les morts sur la pierre,
nagé avec ma sœur
dans l’eau fraîche du ruisseau
où sa robe de papier
a fondu comme neige au soleil ;
senti vivement
sur la table de la mémoire cellulaire
cet axe vertical.
Traversée par mon masculin intérieur,
bien en dessous des pieds,
dans le magma chaud de la Terre,
et s’élevant droit, incisif, clair,
jusqu’au delà du sommet de ma tête
vers mon étoile.
Quelle Puissance !
Respirer avec cet axe,
marcher avec cet axe,
créer avec cet axe,
toujours présent,
garant de ma liberté, de mon autonomie,
ma capacité à prendre soin de moi,
circule dans tout mon être.
Interrogée
sans savoir ce qui était interrogé,
je marche depuis un moment déjà,
dans la végétation intense et prégnante de Port-Cros.
Atmosphère terrestre
créée par les végétaux,
atmosphère du souffle
offerte par les végétaux
et où ils se sont ancrés,
véhiculant au cœur de la Terre
l’énergie solaire.
Puissant réseau racinaire,
cerveau de leur communication
les uns avec les autres.
Silence.
Tout à coup,
je ressens l’énergie dans mon corps
pousser comme des antennes
au dessus de ma tête,
antennes de cervidés,
tentaculaires,
reliant l’infini,
où mes ancêtres Cerf
me reconnaissent
et se reconnaissent.
Je marche depuis un moment déjà
au creux du sentier
me pliant aux contraintes de la pousse des végétaux ;
ma tête en entonnoir
comme un immense réseau invisible,
précis,
fluctue avec mon mouvement
entre les branches et les feuilles,
constante vibration ondulante,
branchée sur l’âme du monde,
reliée aux autres énergies.
Quelle Beauté !
Accordée au système racinaire des arbres,
je réponds,
je résonne,
avec mon système cervical
déployé dans l’air
vers le Soleil.
Atmosphère d’Amour
à créer,
Atmosphère du Souffle
à offrir,
l’univers est en nous.
Rayonner en écho
à cette belle atmosphère-matière
créée par les végétaux,
végé-femme,
végé-homme,
appelée vers cette atmosphère céleste,
je marche depuis un moment déjà.
Aïdée
6 septembre 2018